Notre Evolution
Parallèlement au progrès socio-économique du Pays, l’évolution ontologique de l’Etre Haïtien et de notre Société Nationale s’inscrira dans la réalité.
Le Potentiel Evolutif humain est strictement individuel. Ce don, malgré la consanguinité de source paternelle et maternelle, n’est même pas familial. Il est alors encore moins racial.
Précisément. Dans le passé de notre histoire, l’un des puissants moyens mensongers auquel eut recours le crime de l’esclavage, fut celui de bloquer le potentiel individuel de nos enchaînés. On a essayé de créer chez eux un complexe d’infériorité. On a prétendu les forcer à croire que cette limitation du savoir était, à la fois, naturelle et commune à toute la race dominée.
Cette tentative d’étranglement a complètement échoué.
Epilogue
Homo sapiens… Homo faber…
L’Homme est le seul être vivant auquel est refusé l’usufruit gratuit des produits de la Nature. Le « libre arbitre » a « chassé » notre espèce de l’Eden de l’innocence où le bonheur se vit sans qu’on ait à l’inventer.
Au sein de la riche Nature le bien-être des animaux réside dans les seules prévisions de leur biologie. Par contre, le bonheur de notre Espèce dépend exclusivement de nos propres efforts. « Les oiseaux du ciel ne sèment ni ne moissonnent, nous fait remarquer le Prophète de Nazareth , cependant Salomon dans toute sa gloire n’a jamais été revêtu comme l’un d’eux ».
C’est à nous, les Hommes, qu’il revient, en effet, de créer notre propre Paradis.
Chefs d’œuvre de la Nature, nous avons été, « apparemment condamnés », mais « plutôt promus », avant même l’existence de la farine et de la technologie qu’implique ce produit « à gagner notre pain à la sueur de notre front »…
Et les oiseaux du ciel dégustent avec ironie les fruits de nos laborieuses semailles.
Face à ce défit, et grâce a cette promotion, nous sommes « Homo Sapiens ».
A ce titre, nous devons trouver comment obtenir ce qu’il nous faut, tant pour subsister et pour grandir que pour nous vêtir, pour nous abriter, pour chanter, pour danser et pour rire.
Un poète nous dit :« …La Nature est là qui t’invite et qui t’aime… ». Un autre lui fait dire le contraire « …On me dit une mère, mais je suis une tombe… ».
L’un et l’autre disent vrai. Si nous admirons les beautés du paysage, nous devons apprendre à les protéger. S’il nous revient de subir les désastres aveugles de la nature, nous devons aussi chercher comment en contrôler les effets. C’est là toute la différence entre le « sauvage » et le « civilisé ». Le premier s’obstine, par ignorance, à vouloir continuer à vivre dans un « Paradis » qui n’existe que pour les animaux. Le second s’applique à tirer de la Nature ce dont il a besoin pour remplacer l’Eden.
Il nous revient, puisque nous avons une imagination et une intelligence, de continuer l’œuvre de la création en inventant ce qui nous convient, et même ce qui simplement nous plait. En aucun point de la planète l’intelligence et l’imagination de l’« Homo Sapiens » ne peuvent donc se passer des capacités et des talents de l’« Homo Faber ».
Le développement est une obligation de l’intelligence.
En Haïti toutes les causes qui créent notre retard de peuple se confondent en une seule : l’ignorance. Ce bandeau limite la vision de nos intellectuels, et aveugle la grande masse de nos citoyens. Dans nos campagnes les capacités tournent en rond dans l’ambiance d’une simple courtoisie de fraternité, cultivant la joie spontanée de vivre, privées de toute vision de développement. Nos bidonvilles ont faim, prisonniers du chômage. Les citadins virevoltent et esquissent des faux pas dans des directions sans issues.
Chez nous, jusqu’à hier, les changements à la présidence n’apportaient pas des changements d’orientation propices à l’avancement du Pays, mais, le plus souvent, étaient de simples opportunités -- que saisissaient ceux qui y aspirent -- à jouir, des avantages du pouvoir.
La solution est claire. Elle consiste à élaborer, « à partir de l’actuel libéralisme de pauvreté, un libéralisme de richesse »,. C’est le moment d’élaborer un Plan impératif et consensuel de Développement national, à intégrer dans l’Economie mondiale. Disparus les ténèbres qui obnubilent nos intelligences et désorientent les aspirations de notre peuple, le reste viendra spontanément par voie de conséquence. Un fruit juteux sera récolté.
Le moment est critique. Nous sommes contraints de prendre d’importantes décisions. Devons nous nous laisser « occuper » par une puissance étrangère?... En mai 2001, à la troisième conférence de l’ONU, les Pays Avancés ont promis leur assistance aux PMA (Pays Moins Avancés). Nous sentons nous condamnés à recourir aux associations qu’ils nous offrent, et à dépendre essentiellement des autres? Ou bien… Sommes nous décidés à prendre en mains, nous-mêmes, le développement de notre « Haïti Chérie »?
Notre situation de peuple en misère est restée et restera inchangée, tant que nous n’aurons pas découvert ce que nous devons faire et que nous n’avons pas fait.
Il nous revient de conclure que nous avons tous, sans aucune exception, l’obligation de « faire quelque chose » pour sortir notre chère Haïti du gouffre dans lequel elle s’épuise.
Si nous ne faisons pas face à cette obligation de Progrès, si nous tirons plutôt profit de l’ignorance de nos compatriotes, nous devrons, nous-mêmes, nous considérer comme des coupables, assistant sans réagir à la dégradation du pays de nos ancêtres et de nos frères et de nos sœurs, en dépit de nos déclarations publiques et de nos comportements superficiellement patriotiques.
Si notre volonté en assure l’habilité, le sang africain qui arrose nos cerveaux y fera croître et fleurir une capacité d’invention toute pareille à celle qui anime la créativité du monde industriel.
L’heure est à l’action…
« Homo sapiens, soyons aussi Homo faber! »
En avant !... Oui. Nous pouvons !!!